Edito sur l'avenir de l'aérien
Il y a plusieurs parties que nous souhaitons aborder.
1-L’après Covid
La vaccination est un enjeu essentiel pour la reprise avec un volume significatif des vols dans l’ensemble des pays. Toute entreprise a besoin de visions ou de prévisions afin de planifier en amont et fiabiliser le programme des vols.
Nous souhaitons voir le verre à moitié plein et nous ne pensons pas que le trafic prendra plus de cinq ans à revenir à la normale. Malgré la consolidation à venir dans le milieu, une fois que cela sera « safe » le pax touristique reprendra l’avion pour partir à l’étranger.
La partie Business va mettre plus de temps à repartir, les entreprises (dont la mienne) sont en mode Zoom ou Teams, bien que cela permet de maintenir la relation commerciale, sur le long terme maintenir cette relation privilégiée passe par la visite des sites, usines, clients.
Les différentes foires et expositions sont pour le moment en stand-by mais ce n’est que partie remise.
Cette catégorie de pax dite haute contribution par les compagnies reviendra. Cela se fera graduellement.
2- Réduction des coûts en classe économique et affaires ?
Nous le voyons récemment avec les annonces du groupe Lufthansa (Swiss, Austrian, Brussels Airlines et LH) de ne plus offrir de collations pour les vols en Europe. British Airways ne propose plus cela depuis dans années. Qui sera la suivante ?
Nous ne pensons pas que cette stratégie soit la bonne sur le long terme. Pourquoi ? Sur un vol d’un point A à un point B, si vous avez le choix entre Swiss et Easyjet, pourquoi choisir la compagnie Suisse ? Il y a le prix bien entendu mais cela ne fait pas tout.
Niveler le service par le bas en s’alignant sur les low cost n’est pas une bonne stratégie. Au contraire cela risque de renforcer les Ryan Air, Easyjet, Volotéa et les autres.
Nous comprenons les enjeux économiques derrière cette démarche mais sacrifier cette différenciation c’est pénaliser le long terme.
Plus surprenant, Qatar Airways réputée pour l’excellence de la classe affaire, ne proposera plus le salon ni la sélection gratuite du siège pour le premier prix en Business Class. Elle n’est pas pionnière dans ce domaine, Emirates a commencé cela il y quelques temps. La différence entre les deux compagnies sera le prix. 300€ environ pour Emirates pour avoir le salon et chauffeur quand Qatar Airways demande le double voire le triple selon les destinations.
Nous comprenons la logique de vouloir générer de la vente additionnelle mais cela risque de froisser un certain nombre de clients. Faire un détour au milieu de la nuit à Doha ou Dubaï pouvait passer si le tarif était attrayant. Si ce n’est plus le cas, le trajet direct gagnera des parts de marché. Sans compter sur l’image de marque qui va être écornée sur le long terme. Dans l’esprit des clients, un voyage en Business permet de bénéficier d’avantages, le salon est l’avantage non négligeable qu’il ne fallait pas toucher. Pour notre part, alors que nous ne sommes pas loin de la Platinum à vie sur Air France, un voyage avec Qatar était prévu pour moi qui ai déjà pris cette compagnie en Business ou First à de très nombreuses reprises. Bien entendu plus question de les prendre.
La compétition s’annonce dantesque quand le trafic va repartir. Réduire les services ne sera pas bien perçu par les clients.
Après cela, quelles seront les réductions à venir ?
3-Fidélité récompensée ou pas ?
La carte de fidélité qui donne droit à des niveaux et les avantages afférents sera un élément important et différenciateur. C’est aussi pour les compagnies un centre de profit (vrai pour les compagnies aux USA).
Il est probable que les compagnies ajustent les programmes ou réduisent des avantages. Là encore réduire les avantages ne serait pas une bonne idée pour la fidélisation. Les invités seront-ils encore là sur certains programmes ? Plus difficile à atteindre les niveaux Gold ou Platinum ?
A la sortie de la crise, nous verrons probablement des offres des compagnies pour « matcher » ou faire correspondre le programme en cours. Par exemple, étant Plat sur Air France, Lufthansa peut être tenté de proposer l’équivalent sur leur programme dans le but de récupérer les pax qui génèrent du profit.
4-L’écologie ?
Sera-t-elle punitive ? Nous l’avons vu avec la décision ubuesque du gouvernement de supprimer les liaisons internes quand un train existait. On remerciera au passage que cette décision funeste va affecter un nombre important de salariés. Si encore l’aérien était le plus gros pollueur, nous aurions compris mais mise à part sacrifier, Air France, les salariés AF et des aéroports, le gain est nul voire négatif avec les éléments que nous avons évoqués.
Tandis qu’Air France par exemple est exemplaire, il y a d’autres secteurs plus polluants.
Aurons-nous encore des taxes supplémentaires, ou des contraintes imposées comme le suggère un député de rester 15 jours sur place. Non seulement c’est farfelu mais contre-productif.
Nous souhaitons tous un environnement sain, durable, mais l’aérien ne doit pas servir d’exemple. D’ailleurs, avec la course contre la montre pour assurer la livraison du vaccin, que ferions-nous sans les avions ?
Mais il est vrai que dans leur aveuglement certains écolos sont également anti-vaccin ;)
Edito partisan et un peu provocateur. Mais c’était le but.
Thomas et Sebastien